LES FOULEES SAMARIENNES par FRANCK 

LES FOULEES SAMARIENNES par FRANCK

ARRIVEE

Les boulevards sont désertés, le soleil point sur les toitures, les mollets sont en place, les bâtons affûtés.La brise est fraîche, le ciel clément, mon sac d’interrogation chargée, d’inquiétude harnachée. Direction le grand marais pour rejoindre nos compagnons de route.  30 km plus de 40 000 pas, plus de 5 tonnes de bâtons nordiques à soulever, avons nous signé pour l’armée de terre ?  Marc fera même 42 km, impensable, est-il puni ?

Le sourire d’Isabelle et Marc nous accueille avec nos dossards, Françoise, Aline, Cristel, Marie, Fabienne, Cyta, Dominique forment le reste de la belle équipe. Malgré la foultitude nous signons notre présence par un échauffement, café en main, sous des yeux  ébahis. Ce n’est pas courant de voir un cercle s’ébrouer en tout sens dans le petit monde de la marche nordique.

Le temps des incertitudes a sonné son glas.  8 heures  : Marc nous quitte pour son marathon, le reste de l’équipe suit en procession une ligne distendue et gonflée de courage sur le chemin de halage. Il y a longtemps avec toute cette force en présence nous aurions tracté des péniches, mais aujourd’hui place au plaisir et la découverte de soi, 30 km !

Les visages à peine réveillés passent aux traditionnelles bavardages  nous nous égayions  sur le mauvais sentier, improvisé par un farceur, entre orties, ronces et pont de chemin de fer.

Une file d’attente digne d’un parc d’attraction nous fait patienter prés de 30 minutes, nous ne reverrons plus Fabienne et Aline, ça commence bien !

L’attente nous donne des ailes et nous conduit à notre premier ravitaillement 7 km de route sur une campagne qui s’éveille. Sourires, pain d’épice, cookie, soda sont distribués, sans oublier le fameux ours en chocolat. Il ne manque plus que les ballons et l’anniversaire des enfants peut commencer.

Déjà le temps se distend, un goûté, un anniversaire, mais quelle heure peut-il être ?

Les clichés sur la Somme s’offrent à nos montures septentrionales,  un iris, un héron mimant un autre héron, un tilleul séculaire, les senteurs des aubépines, les regards, nous sommes ensemble et c’est bon . Un bâton devant l’autre , un pas devant l’autre nous sommes les acteurs d’un spectacle ouvrant ces rideaux tantôt sur une compétition de football tantôt  sur les acrobaties de scooter des mers. Les vaches et les chevaux nous regardent !

 A notre grande joie les chemins du marathon rejoignent le notre, quatorze kilomètres du Graal, Marc est bientôt à  notre hauteur, nous  le hélons, l’encourageons  quand il est prit de crampes  infernales. Notre champion adopte  notre cadence sénatoriale, la déception s’enfuit doucement sous les histoires de Dominique. Vous connaissez « l’histoire de deux nudistes qui rencontrent deux éléphants … » ?  sinon vous ne manquerez pas de lui demander …..

Nous cheminons invariablement croisant les mines heureuses de couples divers, la distance apporte son euphorie, la cadence la transe, la lumière estivale la bonhomie, la fin du voyage la gourmandise, encore, encore.

Nous avons puiser nos forces dans notre promesse de départ : rester ensemble.

La fatigue, les ampoules, les crampes rien n’a eu raison de cet engagement réciproque et c’est comme un seul homme que nous avons franchi la ligne d’arrivée pour enfin retrouver nos deux éclaireurs.

La prochaine fois cela sera 42. 

Franck