Georges Pochon : « La marche nordique compétition monte en gamme »
Alors que les trophées du Marche Nordique Tour 2017 ont été remis à Pacé (Bretagne) le 18 novembre dernier, à l’occasion de la première étape du circuit 2018, le référent national marche nordique compétition au sein de la Commission nationale des courses hors stade se félicite de la bonne santé de la discipline dans l’Hexagone et se projette avec envie vers les défis à venir.
Avec plus de 1000 marcheurs classés au Marche Nordique Tour en 2017, sur un circuit rassemblant 17 compétitions à travers la France, la marche nordique est actuellement en bonne santé…
On continue à monter en puissance dans pratiquement tous les domaines. Nous avons confirmé notre savoir-faire en solidifiant nos compétitions déjà existantes. La nouveauté, c’est que nous avons lancé en 2017 des épreuves de marche nordique compétition nature, utilisant la plupart du temps des parcours de trail. Nos formats sont d’ailleurs calqués sur ceux du trail, avec des parcours de moins de 21 km, d’autres compris entre 21 et 42 km et enfin d’autres dépassant les 42 km de distance. La formule qui prend le mieux auprès du public, c’est celle du milieu. Une distance entre 21 et 30 km est idéale en marche nordique, car cela représente un effort soutenu. L’avantage, c’est que cela se passe vraiment en nature, d’un point A à un point B. Les juges travaillent donc en suivant l’épreuve en VTT, puisque le marcheur ne passe qu’une fois au même endroit. Par exemple, à l’Ultra-marin en 2018, il y aura une épreuve de Marche Nordique Compétition Nature Open qui devrait rassembler pas moins de 1000 marcheurs. Cela va nécessiter une quinzaine de juges qui suivront les athlètes par vagues.
Un tel développement implique un besoin en acteurs (officiels, juges, bénévoles) important pour contrôler la bonne pratique des marcheurs…
Aujourd’hui, nous avons un bon réseau de juges, puisque chaque région compte entre deux et quatre juges arbitres, et entre trente et quarante juges de marche nordique. Tous les ans, nous formons des juges dans chacune des deux catégories en fonction de nos besoins. Cela n’est plus un problème pour nous. L’enjeu de ce côté-là est que pour bien juger, il faut une certaine expérience. Elle ne s’acquiert qu’en pratiquant, et nous n’avons que trois ans d’existence. Il est donc évident que tous nos juges arrivent progressivement à maturité.
Cela se traduit-il sur le terrain ?
On a noté une amélioration de la technique de marche chez les athlètes. Nous souhaitons conserver la belle gestuelle de la marche nordique loisir. Au départ, la compétition cassait un peu ces mouvements. Nous avons donc mis en place un cahier des charges adapté et aujourd’hui, les marcheurs commencent à être performants tout en gardant une technique satisfaisante. C’est très important pour nous. Ils font moins de faute, et tout se passe de mieux en mieux.
Les championnats de France 2018 devraient être plus sélectifs que les trois premières éditions, compte tenu de critères revus à la hausse. Pourquoi ?
Il s’agit d’améliorer la performance des athlètes. Les premières années, comme nous partions de zéro, il fallait des critères qui ne soient pas trop contraignants pour avoir une participation assez nombreuse. On demandait aux prétendants de détenir une licence compétition et d’avoir pris part à au moins une manche du MNT. Aux championnats de France 2017, nous avons eu plus de 500 participants. Maintenant que nous avons plus de monde sur les épreuves, nous ne voulons pas organiser des France avec 1500 personnes. L’idée, c’est de tendre vers l’excellence et donc de procéder à une sélection pour ces championnats. Désormais, il faudra avoir participé à trois épreuves du MNT. Il devrait donc y avoir moins d’écart entre les premiers et les derniers.
Comme la course sur route et le trail en son temps, la marche nordique voit le nombre d’épreuves disputées en France s’accroître très rapidement. Comment faire fructifier cet engouement ?
Aujourd’hui, 300 épreuves sont inscrites sur Calorg par des clubs FFA. 200 d’entre elles sont des épreuves beaucoup plus orientées sur un mélange de loisir et de compétition sans règlementation. Une cinquantaine sont classifiées « Marche Nordique Sportive ou compétition », se déroulent sur un circuit de trail, mais sans forcément être dotées de juges pour contrôler. Il y a donc un public à toucher. Ces marcheurs-là attendent généralement un format plus long, moins rapide que ceux qui se pratiquent en circuit et ne dépassent généralement pas 15 km. La composante « nature et liberté » est également importante pour eux. A nous de nous rapprocher d’eux pour améliorer notre gamme de produits, les services apportés, et intéresser ces clubs et ces marcheurs au sein de nos structures, à travers la labellisation des épreuves déjà existantes.
La moitié nord de la France est bien pourvue en épreuves MNT, à l’inverse de la moitié sud du pays. L’enjeu est donc de rééquilibrer le maillage territorial ?
C’est très clair. Nous voulons remplir les régions vierges avec des compétitions labellisées FFA, pour avoir une couverture complète de la France, à l’image de l’axe Bretagne – Pays de la Loire – Grand Est. Il faut travailler avec les ligues et les commissions régionales. Il faut que nous arrivions à convaincre que la marche nordique n’est pas uniquement une pratique loisir. Même si la compétition ne représente « que » 15% du total de la pratique, il y a des attentes.. J’ai pour objectif de rencontrer toutes les régions, avec les Ligues, les conseillers techniques et les juges arbitres. Il faudra former encore des juges dans ces régions-là, sensibiliser les structures afin qu’elles accompagnent au mieux les organisateurs. L’objectif est d’avoir au moins deux compétitions labellisées MNT avec des championnats régionaux dans chaque région, qui, demain, serviront de base pour les qualifications aux championnats de France, à l’image de ce qui se fait pour le cross-country.
Après trois années d’expansion à l’intérieur de ses frontières, la marche nordique française a vocation à pousser ses meilleurs spécialistes à la confrontation avec leurs concurrents des quatre coins du globe…
Si l’on se compare aux autres pays européens, on s’aperçoit que l’on est dans le peloton de tête en termes de structuration. Le challenge pour nous est de faire ce qu’a fait le trail français au niveau international. C’est peut-être ambitieux mais c’est notre objectif. Nous sommes en contact avec l’International Nordic Walking Association (INWA), originaire de Finlande, qui gère 80% des compétitions internationales (championnats d’Europe et du monde ainsi que les manches de coupe du monde), pour étudier la participation d’une sélection française à ces épreuves internationales. Notre particularité est que nous sommes le seul pays où c’est la fédération d’athlétisme qui a la délégation ministérielle pour gérer la marche nordique. Cela nous apporte beaucoup de savoir-faire avec nos expériences dans les autres disciplines de l’athlétisme. Notre cahier des charges technique de la marche est d’ailleurs très pointu, et cela nous permet de faciliter la tâche des juges sur la technique de marche afin de conserver la bonne gestuelle de la marche loisir. Ainsi, notre maitrise des épreuves, la qualité de notre marche pratiquée, nous permet d’envisager une participation très honorable à ces épreuves internationales. Le Top 10 de nos marcheurs français se situe dans le Top 20 international avec des espérances de titres. En résumé, la Marche Nordique Compétition française se porte bien et continue à progresser.
Laisser un commentaire